Bref portrait de l’organisation
La SHAPEM est un organisme sans but lucratif d’économie solidaire fondé en 1988. Son parc immobilier totalise, en propriété et en gestion, 1732 logements répartis dans 107 immeubles et localisés dans 7 arrondissements de Montréal. De ces 1732 logements, 982 lui appartiennent. Il faut souligner que plus de 40% de ces acquisitions ont été faites en dehors des programmes gouvernementaux, à l’aide de différents fonds en capital de risque patient. Avec les années, tous ces logements acquis hors programmes sont devenus de plus en plus abordables, permettant de loger des ménages à revenus modestes ou moyens. Il s’agit d’une action significative, complémentaire aux programmes gouvernementaux, qui ont, dans le contexte actuel de pénurie de logements, plus que jamais leur raison d’être.
Une vision fortement influencée par le contexte
La mission de la SHAPEM a été fortement influencée par les conditions socioéconomiques qui prévalaient à sa fondation. En effet, au début des années quatre-vingt-dix, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, lieu initial d’action de la SHAPEM, il y avait des difficultés économiques importantes : fermetures accélérées d’usines mettant à pied des travailleurs non qualifiés, pauvreté importante, taux d’intérêt très élevés pour lutter contre l’inflation, criminalité importante, en particulier liée aux motards, détérioration de la dynamique sociale avec vente de stupéfiants et prostitution de rue très apparentes, etc.
Tout ceci a eu un impact majeur sur le marché immobilier, entraînant un nombre élevé de reprises hypothécaires et d’immeubles placardés dont les propriétaires remettaient les clés à leurs créanciers hypothécaires. Durant cette période, les caisses locales Desjardins avaient des pertes si élevées que leur survie était compromise, pendant que les banques, elles, quittaient Hochelaga-Maisonneuve. Le quartier était abandonné par les acteurs économiques et les institutions. Par ailleurs, il comptait un nombre élevé de coopératives d’habitation et de logements à prix modique (HLM), sans effet apparent allant à l’encontre de cette détérioration.
Ce contexte nous a amené·e·s à penser que l’habitation sociale n’était pas une panacée, mais un moyen permettant, avec d’autres actions socioéconomiques, d’améliorer les conditions matérielles de la population locale et de favoriser l’émergence d’une dynamique économique favorable à l’émancipation de celle-ci. C’est ainsi que la mission de la SHAPEM a été définie.
Dans le contexte de la crise du logement que connaissent plusieurs villes du Québec, Julia Posca de l’IRIS discute avec Marie-Sophie Banville, Louis Gaudreau et Estelle Grandbois-Bernard de solutions pour protéger l’accès au logement et de modèles alternatifs d’habitation.